Meilleurs voeux, pourquoi faire ?

Nous pourrions avoir 2022 raisons de vouloir détricoter l’année passée et ranger la pelote au fond d’un tiroir pour l’oublier à jamais, mais il serait candide de croire que cela efface de nos mémoires et de nos coeurs, les heurts et les cris inconsolables de tous ceux pour qui cette année aura été la dernière en paix.

Il n’est jamais bon de vouloir comptabiliser les jours de joie sur une année, tant cette dernière peut être fugace et son temps d’existence varie d’un instant infime à la seconde la plus longue. Il n’est jamais bon de comptabiliser le bonheur, de toute façon celui-ci ne se calcule pas, il se vit, se savoure, pour les plus aguerris si nous le sommes un jour…

À chaque début d’année le rituel est le même, identique pour chacun : souhaiter à nos proches et nos connaissances : réussite, joie et… la santé surtout. Bien évidemment, selon les liens d’amitiés, la formule s’enrichira de quelques mots doux supplémentaires.

Mais remarquez qu’il est toujours interessant de se pencher sur les formules de bons voeux tant parfois nous pouvons nous interroger, à savoir, si celui qui nous les adresse ne se les souhaite pas d’abord à lui même de crainte d’être oublié des cieux et des dieux.

Nous pourrions avec intérêt et saine curiosité se pencher sur l’origine de ces voeux mais que nul d’entre vous ne m’en tienne rigueur, ni l’heure, ni l’humeur ne sont dans cette phase d’explication.

Il y a, dans l’air, en ce début d’année un subtile mélange de conjugaison de la formule «  j’y crois encore  » au présent pour les motivés et optimistes, au passé simple pour les vagues à l’âme un tant soit peu bluzzy, au passé composé pour les plus assombris façon « noir c’est noir » au passé du subjonctif pour les poétiques façon beaux sombres ténébreux, et puis, au futur antérieur pour les incorrigibles dubitatifs.

Au-delà de l’excellente possibilité de réviser nos conjugaisons sur un verbe du troisième groupe, nous qui sommes, depuis plusieurs semaines, pour ne pas dire plusieurs mois, dans les tables de multiplications pour cause de porte monnaie en peau de chagrin…

Zut… J’ai oublié l’idée première de ma digression. En fait, il est là le souci. L’esprit, le notre, ne s’arrête pas, il ne cesse de penser ou bien pire de ressasser.

Serait-ce là la meilleure des résolutions ? Ne plus penser, ne plus réfléchir, ne plus vouloir ni savoir, ni prévoir demain, et ainsi tel Robinson, laisser couler les années sur une île en regardant vendredi se perdre à l’horizon.

Certes, je vous l’accorde, nous avons connu plus grand enthousiasme, mon coeur, mon esprit et moi, et loin de mon humble personne de vouloir faire un quelconque rapprochement spirituel de mauvais goût.

Mais je ne peux m’empêcher d’avoir en tête une petite phrase qui passe en boucle de celle, très avertie et très érudite qui me donna la vie «  si tu veux faire rire Dieu, fais des projets ».

Nous voilà donc devant l’immensité d’une nouvelle année que bien évidemment nous désirons pour tous : belle à nous chavirer le coeur et l’âme jusqu’à la lie.

Et bien après tout, faisons-le. Vivons en toute liberté, nous qui ne sommes pas opprimés.

Vivons en nous réjouissant d’être en vie, vivons sans oublier que le bonheur se trouve dans de toutes petites choses qui peuvent paraître banales dans ce monde gargantuesque où la politique du paraître officie à outrance.

Vivons, conscients que le vivre ensemble est très souvent source de joie.

Simplement, vivons, avant de nous taire à jamais.

Vous n’aimez pas la chute ? Moi non plus, mais vous savez quoi ?

Celle-là personne ne l’aime.