Banlieue

À chaque hiver la France grelotte et compte ses victimes du froid, la terre se réchauffe et compte aussi, le monde s’embrase et fait de même...

Cela pourrait être une grande trilogie à plusieurs tomes, dont on pourrait redouter qu’à la lecture, les générations futures soient tristes d’être le fruit d’un tel brouhaha d’incompréhension.

Il y a 20 ans, il y a 50 ans, parfois plus, nombreux étaient les parents qui souhaitaient, plus que tout, que leurs enfants apprennent la géographie dans les livres d’écoles et non par des batailles qui mènent au déracinement, toujours douloureux, quand on en est l’acteur tout en détestant le film. Des parents bien lucides tant ils portaient et portent encore les blessures invisibles d’avoir vu et vécu ce que nul ne peut désirer pour ses proches.

Au même titre que l’histoire, la géographie a ses subtilités, ses frontières affichées et dessinées sur des cartes et celles qui se construisent insidieusement, que jamais nous ne verrons dans les livres, ni sur des plans, mais qui dans «la vraie vie» demandent des laissez passer plus compliqués à obtenir que certains visas officiels.

Plus subtile encore dans la complexité: écouter et comprendre les dictons, grandes sources de conclusion pour des discutions sans fin. Mais nos oreilles sont ainsi faites qu’elles peuvent entendre en boucle sans vouloir que le sens des mots ne monte au cerveau.

Ainsi le fameux « l’habit ne fait pas le moine» se casse bien souvent le nez sur des murs de « oui mais» plus solides et plus tenaces que s’ils étaient faits de béton armé.

Un béton qui colorie les abords des grandes villes, de façon aussi haute et fournie que les épis de blé le font avant la moisson aux abords des villes et villages.

Mais les tours de béton sont moins chaleureuses, moins bucoliques que les champs de blé.

Ceux, qui ont connu ces habitations de béton à leur construction, savent qu’avec le temps les quatre ou cinq étages que l’on pouvait encore monter à pied en sifflotant, ont pris de la hauteur pour se dresser en tours, chaque étage ajouté prenant au fil des années des allures de barreaux dressant également des frontières.

Des frontières donnant à ces lieux que l’on désirait, de vie, des allures de hall d’attente, où ceux qui font les cent pas, en rêvant de champs de blé, se voient mêlés et assimilés à ceux ce qui ne rêvent plus. Le sentiment d’abandon, l’ennui et le désespoir n’excusent en rien la délinquance et les actions hors la loi, mais elles malmènent et barrent la route à ceux qui voudraient encore traverser librement ces fameux champs de blé qui mènent à la ville ou au village ensoleillé d’espoir, tant ils sont marqués au fer rouge du mot: banlieue.

Des questions? Pas de questions ? … C’est difficile et compliqué sans faire d’amalgame ou certains parallèles dérangeant, je comprends.

Il est une chanson qui au fil du temps résume magnifiquement … non, terriblement bien ces lieux et ce qui en 2005 les ont mis à la une.

Karim Kacel « banlieue»