Film « Sur les pas de Soeur Emmanuelle »

Auteur : Hélène Lacore-Kamm

Réalisatrices : Hélène Lacore-Kamm et Amélie Degouys

Nouveau Monde éditions 2007 EDV 1634

Bayard Press 2007 EDV 1482

Film : © Victorimage - Jean François Didelot / Téléssonne 2005

Interview de soeur Emmanuelle : © Victorimage 2005

Interview d'Hélène Lacore-Kamm : © Bayard Presse 2006

Musique originale d'Yves Ottino

Le chemin de vie nous apprend en s’égrainant qu’aujourd’hui ignore tout de demain.

Autant qu’une rencontre n’est jamais le fait du hasard si l’on prend le temps d’un peu de recul.

La rencontre s’est effectuée un 16 novembre devant un micro.

Soeur Emmanuelle était à l’occasion de ses 95 ans mon invitée à Radio France pour le “19/20” qui comme son nom ne l’indiquait pas commençait à 19H20 !

Elle ne voulait pas parler d’elle, son attachée de presse avait été très ferme sur ce point. Et je compris très vite que c’était la décision indiscutable de Soeur Emmanuelle.

La Sainte femme ne voulait qu’une seule chose parler de ce pourquoi elle se battait chaque jour depuis des années son ONG : ASMAE.

Comme de nombreux journalistes, en entendant le mot “ ASMAE” mon ignorance m’a claquée au visage.

Soeur Emmanuelle et ASMAE ne faisait qu’un ? ASMAE une ONG ? Une association Laïque ?

Pour faire passer au plus vite la honte du “je ne sais pas “ mon équipe et moi même nous nous sommes mis au travail.

En étroite collaboration avec les membres d’ASMAE nous avons construit une émission pour mettre en lumière l’action de l’association de Soeur Emmanuelle.

Lors de l’interview elle fut fidèle à elle même: directe, pleine d’humour et sans contours, soulignant ses valeurs et celles de son association : Solidarité. Respect. Liberté. Idéal de justice. Engagement. Confiance.

Des mots qui résonnent si l’on se sent un temps soit peu citoyen et citoyen du monde.

À la fin de l’entretien, hors antenne, Soeur Emmanuelle m’a posé LA question.

– As tu des enfants Hélène ?

– Non… 

A t’elle entendu tout ce que ce « non » signifiait et cachait, c’est une évidence.

Elle a posé sa main sur mon bras et m’a dit :

– Alors c’est bien tu as tous les enfants du monde.

Cette phrase allait changer toute ma vie mais ce jour là je l’ignorais .

Une émission de 45 minutes c’est bien pour éclairer et informer les auditeurs sur l’action d’une association comme celle de Soeur Emmanuelle.

C’est bien, mais c’est très peu pour expliquer la grande différence entre l’intervention d’urgence et le développement durable. C’est trop peu pour comprendre le travail fait sur le terrain.

Dans une époque où nous voulons tout tout de suite, expliquer qu’il faut du temps pour agir c’est difficile et compliqué, il faut du temps…

Au fil des mois l’idée s’est imposée, il fallait que j’aille sur place, que je vois, que je comprenne, que je revienne à l’origine de la définition du journalisme : être le relais de ce qui se fait et se passe.

Grace au soutien sans faille de Marc Garcia directeur de France bleu à l’époque, au Guide du Routard partenaire généreux, à Radio France et bien sûr à l’équipe d’ASMAE le projet de partir dans 4 pays d’intervention a vu le jour.

J’avais deux mois pour réaliser ce projet. Peu y croyait mais il suffit de quelques-uns pour réussir… “S’acharner “ disait Soeur Emmanuelle “ s’acharner”.

Le Caire en Egypte ( source et premiers pas de l’action), Ouagadougou au Burkina Faso, Manille aux Philippines et Madras en Inde quatre étapes de reportage qui ont donné des heures et des heures d’images, des heures et des heures de sons et des centaines de photos.

Ce dont j’ai été témoin durant ce périple, les rencontres, les chemins croisés je vous laisse le voir, l’entendre, dans l’espoir qu’il éclaire vos coeurs du besoin que nous avons tous de vivre ensemble, d’être citoyen du monde.

Il n’y a dans mes propos aucune leçon juste un espoir.

Bien sûr notre monde est loin d’être parfait et nombreux sont ceux qui y sont malmenés, en revanche penser qu’il s’agit d’une fatalité et ne rien faire serait je crois une bien mauvaise idée. 

Il n’y a eu dans ma démarche aucun lien avec la religion, certes Soeur Emmanuelle avait une foi profonde mais son association était et est laïque.

“ L’important chez l’homme ce n’est pas sa religion c’est son coeur ” disait elle.

Quand notre coeur bat la chamade, quand il bat pour l’autre la vie paraît plus douce, plus légère, avec le temps j’ai pris conscience qu’il en était de même quand il bat juste pour autrui.

Le travail d’ASMAE l’association de Soeur Emmanuelle est minutieux et magnifique à la fois. Il mérite tout notre respect et tout notre interêt.

Tous ceux qui ont eu la chance de croiser le chemin de Soeur Emmanuelle savent qu’il est important que son action perdure. 

Ensemble nous le pouvons.