Enfants des rues

Il y a une phrase que j’aime beaucoup que me disait ma mère : “ si tu veux faire rire Dieu parle lui de tes projets “

Photographier l’enfance qui souffre n’était absolument pas dans mes projets. D’ailleurs je ne suis pas photographe et pourtant aujourd’hui dans un monde mené par l’image nous le sommes tous.

Nous sommes tous photographe, cinéaste …

J’avais au bureau juste à coté de moi à Radio France un vrai photographe. Humble et discret, François Combe photographie comme un peintre. Ses photos sont de l’art, étonnantes, elles vous rendent curieux.

– Si tu pars il faut que tu prennes des photos.

me dit il.

– François je t’aime beaucoup, en revanche je te rappelle que je pars avec de quoi faire un reportage sonore plus un documentaire image, les photos en plus ça va être compliqué et… je ne suis pas photographe.

– Je te donne un argentique basique, simple. Photographie ce que tu vois, ne cherche pas à vouloir faire bien ou beau, ne cherche pas le cadrage idéal, l’objectif n’est que le prolongement de ton regard alors regarde avec lui, par lui.

Ces mots ont été présents à mon esprit sans cesse et le sont encore. 

J’ai regardé avec l’objectif sans me poser de question, en cachette parfois, à la va-vite aussi. En revanche je ne le remerciais jamais assez car cet argentique offert m’a protégé, il a séché mes larmes avant même qu’elles n’apparaissent.

Ces regards d’enfants qu’ils soient dans la zone non lotie de Ouagadougou, ou à Manille dans les rues, dans les camps de rétention ou dans la prison des enfants impossible de les oublier. Ces sourires qui cachent si bien la souffrance, ces yeux qui ne vous lâchent pas comme pour vous retenir encore un peu, je sais que certains aujourd’hui ne sont plus. Et puis il a ceux que l’association de Soeur Emmanuelle a pris par la main pour grandir debout et être digne. Là encore comme elle le disait si bien 

“ y croire, le vouloir et s’acharner “ 

On ne raconte pas une photo, on la regarde pour essayer de comprendre.

En toute confidence aujourd’hui il m’est très difficile de les voir à nouveau.

Mon seul souhait, sans prétention aucune qu’elles éclairent votre coeur pour que seul raisonne le verbe “ agir ”