Le 8 Mars


Notre monde est ainsi fait : sourd, aveugle et amnésique qu’il faut une date pour rappeler qu’une femme a tout autant de droits qu’un homme, à commencer par celui d’être libre de son corps, libre d’être et de vivre sans qu’on lui dicte et lui impose une liste interminable mais surtout intolérable d’interdictions.

Nul sur cette terre ne peut s’octroyer la vie et le corps d’autrui. Depuis un temps infini, chaque siècle a été marqué par des femmes luttant pour leurs droits, longtemps ignorées, souvent malmenées et puis sacrifiées. Nous aimerions pouvoir dire que notre société a évolué et qu’elle a trouvé à ce jour un apaisement certain, digne de la sagesse, mais force est de constater qu’il n’en est rien.

Que notre regard se pose çà ou là, il y a toujours une ombre qui vient l’obscurcir.

Pas un jour ne se passe sans que des femmes perdent leur vie, au prix d’une liberté tant désirée. Pas un jour, sans que des larmes de sang ne coulent sur leurs joues sous des coups que rien, absolument rien, ne peut excuser.

Féministe et idéaliste, j’aime à penser que le 8 mars, journée internationale des droits de la femme, résonne comme un jour à l’unisson, telle une victoire indiscutable, sans mauvais compromis, sans remise en cause, sans conditions. Une victoire faisant table rase aux raisonnements déraisonnables dénués de tout respect, tant de fois entendus, tant de fois clamées par des décérébrés. Certes, la colère est mauvaise conseillère, mais comment ne pas être sous l’emprise de cette dernière quand tant d’autres, au féminin, sont victimes du simple fait d’être femme.

Il serait aisé d’imaginer que les droits des femmes ne sont bafoués que loin de nous, loin de nos pays que l’on dit évolués et instruits, crédules que nous serions d’y croire un seul instant !

Penser que la femme est un être inférieur est une pensée tristement universelle. Fort heureusement, nombreux sont ceux, hommes et femmes, qui se battent sans relâche contre ces esprits défaillants mais dangereux aussi, si on n’y prend garde.

Le laisser dire, le laisser faire, le « tourner la tête pour regarder ailleurs » n’est que la signature des lâches.

Il n’y a pas de petites batailles pour l’égalité des droits entre hommes et femmes, ni entre tous d’ailleurs, soit dit en passant. Il n’y a pas de mots trop forts pour faire entendre les droits de toutes et tous, pour faire taire la bêtise, l’absurdité, pire : l’ignorance. Cette terrible ignorance drapée sous des manteaux de faux savoir, d’auto-pouvoir proclamés par des armées d’ombres.

D’aucuns trouveront peut-être ces quelques lignes excessives.

J’ai pourtant la sensation de n’avoir dit réellement mot de mon ressenti tant ma colère est vive.

Dans quelques jours, nous changeons d’heure ? Et si nous commencions par changer notre monde ?