Les invisibles

Les invisibles

Depuis bien trop longtemps je crois, pas un jour ne se passe sans son lot de nouvelles à vous hébéter tant elles sont incompréhensibles, inadmissibles et au sens propre du terme: incroyables.

Bien sûr il est facile de pratiquer la politique de l’autruche la tête dans le sable ou celle des trois singes, je vous laisse libres du choix de l’animal qui vous correspond le mieux.

En revanche pour se lever du bon pied chaque matin ou simplement se lever, nous qui avons la chance d’être valide, il nous faut une bonne raison.

Permettez qu’à cet instant précis j’insiste sur le «  bonne » qui va avec raison, ou qui devrait aller avec.

Des raisons pour se lever chaque matin nous sommes nombreux à en avoir, elles sont multiples et variées, importantes ou futiles.

Il est vrai que nous ne devons jamais oublier l’instant magique de vie où nous ouvrons les yeux, réalité indiscutable certes, mais qui se noie souvent dans l’agitation du quotidien.

Et justement ce quotidien, certains jours nous pèse, non pas que nous soyons malheureux, ce serait indécent, mais une certaine mélancolie s’installe ou plus justement une lassitude.

Il n’est point question là, de dépression saisonnière, sujet très à la mode en ce moment, non, c’est plus un ressenti, un ressenti désagréable d’invisibilité.

Invisibilité définition: caractère de ce qui n’est pas visible.

Hauts comme trois pommes à genoux nous aurions pu aimer être invisible, au rayon bonbons, par exemple, mais aujourd’hui adulte, le sens de ce mot prend une toute autre tournure.

Impossible que cela ne vous ai échappé, durant les divers confinements nous n’avons eu de cesse de mettre en avant les oubliés du quotidien, oubliés mais indispensables au bien être de ce dernier, pour que celui ci soit plus facile, plus doux.

Bien évidemment les infirmières, les caissières, les éboueurs, les ouvriers nettoyeurs… Tous ceux qui aident à ce que chaque jour soit plus agréable pour nous ou plus simplement: vivable.

Seulement voilà, notre époque va à une telle allure, que ce qui était hier, s’est évaporé comme un doux parfum, doux mais léger, très léger …Trop léger !

Ainsi les mines grises que l’on devine derrière les masques sont revenues, les applaudissements le soir se sont tus et les «  salués » d’hier sont à nouveau invisibles.

Il faut avoir porté un jour, au moins, ce costume qui vous efface du décor, pour mieux comprendre ce pincement au coeur, telle une douleur d’être là sans l’être.

Ces regards qui ne se posent jamais sur vous tant ils vous omettent de leur champ de vision et si malencontreusement leurs yeux vous croisent, ils vous toisent comme un banni, un proscrit, un méprisable.

Que se passe t’il dans la tête de ceux qui croient être supérieurs.

Cela n’engage que ma petite personne mais je pense, depuis fort longtemps, que seuls ceux qui sauvent des vies peuvent «  rouler des mécaniques » ou se sentir «  autre »

Le paradoxe est que tous ceux qui brillent sans le vouloir, par leur esprit, leur savoir, leur sens inné du partage, de l’écoute, de l’abnégation, tous ceux qui brillent simplement par leur humanité préfèrent de loin l’ombre à la lumière des projecteurs et le silence des mots au brouhaha d’une diatribe.

Alors permettez qu’en ces lieux je salue très sincèrement tous ceux qui oeuvrent chaque jour sans qu’on les honore et à ceux qui s’autoproclament au dessus de la mêlée: un petit message : “ essayez l’humilité ” vous verrez c’est bien aussi.