Quel âge avez-vous ?

Les français comptent les années ou plus exactement décomptent ces dernières. Il ne s’agit pas d’entamer ici un monologue sur le bien fondé ou pas d’une réforme, bien loin de moi cette envie. En revanche le sujet de l’âge : aux nombres de bougies soufflées, à l’apparence donnée, à l’impression ressentie, à la vie menée, à l’envie d’être à demain, tout autant de paramètres subjectifs ou réels, cela est interessant.

Quel âge avons nous ? Quel âge avez vous ?

La question n’est pas si anodine que cela, car, la réponse ne va pas de soi.

Malgré une certaine expérience, je reste toujours perplexe de l’importance que prend l’âge selon, le lieu et l’environnement où vous vous trouvez.

Impossible de le nier notre monde a une fâcheuse tendance à conjuguer juste au présent. Ce qui auparavant semblait source de savoir et de sagesse : le nombre des années, prend aujourd’hui l’allure d’une infirmité à cacher.

De plus il nous faudrait être, à jamais, telle une photo sur papier glacé : belle, mince, en pleine lumière au sens propre et figuré et si en plus nous pouvions être riche cela signerait magnifiquement le tableau. J’hésite entre pleurer ou éclater de rire c’est navrant…

Bien évidemment l’emploi exclusif du féminin ne vous aura pas échappé.

Une fois de plus, la gent féminine bénéficie en ce point d’une place privilégiée.

Dans ce cas précis pas certaine que « privilégiée » soit un cadeau ou alors un cadeau au filtre non pas d’amour mais d’acide hyaluronique, de toxine botulique j’en passe et des plus piquantes. Ainsi Cupidon revêt une blouse blanche et sa flèche : la promesse d’une jeunesse éternelle. Mais, permettez que je préfère une expression plus ancienne car finalement plus adéquate : «  tirée à quatre épingles » au sens propre du terme cela va de soi. Et, entre ces quatre épingles qui y a t’il ? Notre minois.

Pourquoi faudrait il que nous soyons repassées comme un col de chemise amidonné, fine comme une brindille, le muscle saillant et affuté et en prime sur le gâteau d’anniversaire pas plus de bougies que de carrés de chocolat dans une tablette, aujourd’hui, hors de prix, entre nous soit dit.

Je vous en parle avec d’autant plus de liberté que bien mal averti serait celui qui penserait que je n’ai point succombé au désir de me plonger toute entière dans un bain de jouvence. Mais un jour, le reflet du miroir devient secondaire, non par le poids des années, juste une simple et réelle observation de notre monde.

Mais cessons cette digression pour revenir à l’objet de nos émois ces derniers mois : quel âge avez vous ?

Je suis toujours perplexe lorsque l’âge une fois dévoilé influe ou pire change le comportement de celle ou celui qui a posé la question et entend la réponse.

Nous avons tous dans notre environnement des jeunes gens qui ressemblent à s’y méprendre à des personnes âgées usées jusqu’aux os, au même titre que nous pouvons côtoyer des personnes dites d’un âge certain au dynamisme presque fatiguant et à la joie de vivre gommant en un instant le moindre blues naissant.

Comme diraient certains : l’âge c’est dans la tête… Bon …Et un peu dans les genoux, le dos, les cervicales j’en passe et des plus sensibles.

Mais pour ménager les susceptibilités et peut- être pour « botter en touche », cela dépend de ce que l’on a à faire dans la journée. Si dès le réveil nous avançons à reculons, car au programme ne se profile que triste mine et triste sort, il y a peu de chance que la jeunesse du coeur et de l’âme porte sans souci celle du corps.

En revanche si dès le matin, même sous un ciel gris anthracite, en ouvrant les yeux nous avons l’impression que le soleil brille, que les oiseaux gazouillent, comptez sur nous pour relever tous les défis jusqu’à celui du marathon de Paris, sans besoin d’échauffement.

Des questions ? Pas de questions ? Ah si ! Quel âge avez vous ?

Et moi ? Celui que je préfère, celui de la liberté de dire et de l’écrire.