Radio mes amours

Radio mes amours

Nous fêtons depuis Mardi 1 Juin les 100 ans de la Radio et par là même les 40 ans de la Radio Libre.
Avec une frénésie étonnante accompagnée d’une belle ardeur, cet anniversaire a déchainé les réseaux sociaux, vidant les placards de souvenirs sonores, de photos témoins d’un temps qui à la vue de cet engouement nous manque surement un peu.

Soyons honnêtes , simples et directs: bien évidemment que ce temps nous manque ! Tout d’abord dans « Radio Libre » il y a libre et nous l’étions tellement.
Libres de vivre une autre forme d’expression, de la découvrir, de s’y perdre avec délectation, de la faire, de la défaire pour la refaire mieux, pensions nous, jusqu’à la malmener parfois. Nombreuses ont été les oreilles témoins de nos premiers pas derrière un micro ,tenant à la main la feutrine sous un 33 tours collé sur la platine pour que ce dernier démarre à la note voulue, et je vous l’accorde, pas toujours obtenue.
De toute évidence, comme le dit la chanson, je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… ni même imaginer !

Nous n’avions pas encore 20 ans, mais notre quotidien radiophonique remplissait jusqu’à la lie nos plus fous désirs, nos envies les plus excentriques.
Certes, nous vivions cette nouvelle passion Radio, cette nouvelle expression sans limite d’expressions, mais nous n’avions nul besoin de limite tant nous étions naturellement respectueux de l’auditeur dont les oreilles attentives et fidèles nous donnaient la plus belle reconnaissance qui soit. Nous étions, sans le savoir en » période d’essai »
L’essai d’un autre mode de communication, l’essai d’un autre mode de partage, l’essai d’une autre vie. Je crois que malgré les heures passées dans ces studios où nos 18 ans s’enchantaient, nous n’imaginions pas que nous en ferions notre métier.
Nous vivions pleinement, ce qui aujourd’hui plus qu’hier, prend tout son sens: la Radio Libre. Certes, c’était une média qui pour exister et perdurer devait posséder quelques bases solides et des fonctionnements pensés et réfléchis. Nos mentors et divers directeurs s’en occupaient avec brio: Eric Hauville, entre autre, fut l’un de cela et les gamins agités que nous étions n’aurons de cesse de lui dire merci Eric…

Il fallait du génie, de la patience, du flaire pour diriger de main de maître une Radio Libre et puis surtout pour qu’elle le reste: libre.
C’est un maître mot qui au fil des années a disparu au profit de ce dernier d’ailleurs: le profit.
Mais il est nullement question là, de s’en plaindre, ou, de s’en lamenter, tant il a été doux, fou et exceptionnel de vivre ces années Radio au micro. Ce fut pour nombreux d’entre nous le début d’un chemin vers des « carrières » que nous ne pouvions imaginer quand nous étions haut comme trois pommes à genoux. Difficile de penser sérieusement que ce qui n’était pour nous qu’une folie furieusement amusante, deviendrait une passion où le sérieux serait de mise et l’à peu près nullement admissible.
En revanche il nous faut, délicieusement, ne pas omettre que cette libération des ondes fut également la notre: au micro, aux platines, en rythme mais également avec un appétit de vie sans retenue, une gourmandise des plaisirs de cette dernière et nous n’avons à aucun moment bouder ce plaisir .
La chance qui nous a été donné à cette époque nous a permis de nous tricoter des souvenirs que nous pourrons à souhait détricoter le temps venu, mais ne faisons aucun projet comme à l’époque. D’ailleurs vous savez ce que l’on dit « si tu veux faire rire Dieu parle lui de tes projets »